Petit exercice difficile et hautement périlleux avec cette vidéo : parler d’une différence entre Marx et Keynes !
J’ai choisi de parler du rôle de la demande dans l’économie, qui ne peut être le problème majeur de nos économies pour le premier et constitue une des contradictions fondamentales du capitalisme pour le second.
Je mentionne un passage du capital dans la vidéo, le voici : « Il suffit de rappeler que les crises sont chaque fois préparées justement par une période de hausse générale des salaires, où la classe ouvrière obtient effectivement une plus grande part de la fraction du produit annuel destiné à la consommation ». On pourrait rétorquer que la hausse somme toute légère de la faction du produit annuel destiné à la consommation ne suffit pas malgré tout à absorber l’augmentation de la production en période de croissance. La demande globale se compose de la consommation et de l’investissement. Si la croissance des investissements ralentit parce que la hausse de la consommation est trop faible (même si effectivement elle augmente proportionnellement à la richesse produite), la demande globale diminuera, générant un cercle vicieux de baisse de la production et des revenus, et ce même si la classe ouvrière recevait une fraction légèrement plus grande du produit annuel avant le début de la crise.
Marx écrira néanmoins aussi que « La raison ultime de toutes les crises réelles, c’est toujours la pauvreté et la consommation restreinte des masses, face à la tendance de l’économie capitaliste à développer les forces productives comme si elles n’avaient pour seule limite que le pouvoir de consommation absolu de la société. » Un autre passage célèbre du capital : « En France, on ne produit pas trop de chaussures : des millions de gens y vont nu-pieds ».
En bonus, une citation extraite du livre de Paul Jorion "Penser tout haut l'économie avec Keynes" qui entre en résonance avec certains passages de la vidéo :
"Marx et Keynes ont tous deux un agenda politique qui les détourne d’une réflexion sereine qui se poursuivrait autant que faire se peut « en toute objectivité » à l’abri des distractions induites par une inquiétude parasite. Marx est guidé par son projet révolutionnaire qui le force, entre autres, à prétendre que les luttes ouvrières ne modifieront jamais significativement le rapport de force entre patrons et travailleurs et que le salaire ne décollera du coup jamais significativement de sa borne inférieure que constitue le salaire de subsistance. Keynes quant à lui considère que les dégâts en termes humains d’une révolution ne justifieront jamais le choix d’une option aussi brutale et aux aboutissements aussi imprévisibles. L’exemple de l’Union soviétique convainc Keynes également qu’une révolution débouchera difficilement sur une solution qui ne soit pas ultradirigiste, qui ne remplacera pas un laisser-faire effectivement intolérable par son envers trop radicalement bureaucratique. La montée sur sa gauche du communisme et sur sa droite du nazisme dans les années 1930 force le socialiste qu’il est à emprunter une voie étroite entre les deux, et il y parvient d’une certaine manière sur la base de son objectif de réalisation d’un « dissensus sociétal minimal », que seul le plein-emploi est selon lui à même de réaliser. Mais il prévient dès 1930 que le chômage structurel dû à un bond qualitatif dans le développement du machinisme obligera à envisager un jour les choses dans une perspective radicalement autre."
Extrait de film à la fin de la vidéo : OSS17 Rio ne répond plus.
Негізгі бет #22. Une différence fondamentale entre Marx et Keynes
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