Esprit libre à l’âge des idéologies, Camus met au premier plan une défense de l’homme à la mesure des atteintes que celui-ci subit en son temps. Il n’a cessé de coupler la justice (au sens de l’égalité) et la liberté. Ses convictions peuvent se résumer ainsi : un État modéré, des institutions au service des peuples, un engagement guidé par un humanisme intransigeant.
« … Alors que l’État-nation se pare de symboles définitifs, telle la souveraineté, il n’y a pas de vérité absolue en démocratie. À l’encontre d’une vision guerrière de la vie politique, l’éthique démocratique ne permet pas d’anéantir l’adversaire mais d’écouter ses raisons et de le convaincre. Le cycle électoral est en lui-même une leçon d’humilité. La dialectique des pouvoirs est le ressort de sa modération. Loin du lyrisme totalitaire et de ses prophéties infaillibles, nous devons apprendre à parler le langage de cette prose démocratique. Il faut civiliser le conflit et le "démilitariser" - au sens où l’adversaire n’est pas un ennemi. Face à l’État, à l’État-nation, il y a la société et l’aspiration à la fraternité … » (Denis Salas, Études 2012/1,Tome 416)
BIO : Denis Salas a enseigné à l’Ecole nationale de la Magistrature, il est secrétaire général de l’Association française de l’histoire de la justice.
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