La distinction entre le skopos (le but) et le telos (la fin), fait apparaître deux manières de se rapporter au temps. Le but est toujours à venir, il n’est jamais là. Une fois qu’il est atteint, ce n’est plus un but. La fin, au sens de la finalité, est toujours présente, toujours là. En matière de tir à l’arc, désirer atteindre la cible, c’est désirer ce qu’on a pas... désirer l’avenir, c’est ce qu’on appelle une espérance, donc une peur. Comme le dit Spinoza, «il n’y a pas d’espoir sans crainte, ni de crainte sans espoir»... désirer ce que l’on a pas c’est se séparer du bonheur. Le sage ne veut pas atteindre la cible mais seulement la viser bien. Il fait ce qu’il désire et désire ce qu’il fait. Il est heureux. C’est ainsi qu’il atteint un pou en plein cœur selon les textes taoïstes. Le sage désir ce qui dépend de lui, désire ce qu’il fait. Ce n’est plus une espérance, c’est une volonté, c’est une action. Ce qui compte, ce n’est pas le résultat de l’acte (le skopos), mais l’acte lui-même (le telos).
André COMTE-SPONVILLE est philosophe
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