Je n’aurais pas dû être là……
Chaque année au mois de novembre se tient le Concours de Promotion du Ballet de l’Opéra de Paris, l’occasion pour chaque danseur du Corps de Ballet de présenter son travail personnel sur scène et d’espérer évoluer dans la hiérarchie de la compagnie. Une charge de travail monstrueuse, une épreuve physique très difficile, un niveau de pression et de trac inégalé.
Il y a environ un an, une semaine avant le Concours et plus confiant que jamais, j’ai eu l’accident le plus grave de ma vie lors de ma première répétition avec des bottes : fracture déplacée de la tête du 4e métatarse. Alors que je cherchais une solution pour me présenter au Concours tout de même, je me suis retrouvé allongé sur une table d’opération avant même que je m’en rende compte, une première fois, puis une deuxième fois six mois après.
La déception était immense. Mais au lieu de me sentir battu, je savais que cette année d’arrêt serait un cadeau :
- Que je remonterais sur scène rapidement, cette fois-ci sans costume ni maquillage, mais en français, en vivant ma première expérience de prise de parole en public lors d’un évènement TEDx. ( • Quand les croyances li... )
- Que je terminerais mon master à Grenoble Ecole de Management et commencerais d’autres études en Gestion de Patrimoine à l’AUREP
- Que je fonderais mon propre cabinet de conseil en Gestion de Patrimoine pour les sportifs et artistes de haut niveau.
- … et surtout, qu’un an après, je me présenterais à ce même Concours, dans la même variation, dans les mêmes bottes.
Ce dernier point est un mensonge.
Début septembre, après un long et fastidieux travail de rééducation, mon pied était encore bloqué et le « quart de pointe » douloureux. Mon medecin m’a dit que je ne retrouverais jamais l’amplitude initiale, le Concours du mois de novembre me semblait être une option à écarter. Alors que j’envisageais de retourner à Clermont-Ferrand pour la suite des cours à l’AUREP, mon préparateur physique m’encourage à tenter le Concours.
« Le Concours !? Sérieusement ? », me suis-je dit.
« Mais c’est impossible ! Tu as vu l’état de ton pied ? »,
« Il vaut mieux prendre le temps de bien reprendre ! »,
« C’est très mal vu de reprendre directement sur le Concours ! »,
« Ça fait un an que tu n’as pas dansé, tu ne seras pas content de toi. », m’a-t-on dit.
Je sais, et je m’en fiche.
Hier, je l’ai fait avec émotion et gratitude. J’ai retrouvé la scène et le public de l’Opéra dans ce Concours de Promotion et je suis content de ma prestation. Résultat : classé troisième, pour deux promus.
La déception est inévitable mais surtout une grande victoire.
Celle de toute l’équipe médicale de l’Opéra, celle de la cheffe de chant qui me disait que cette étude de Chopin était un choix impossible, celle de la Couture de l’Opéra qui s’est donnée du mal pour trouver des bottes à ma taille, celle de ma coach et mes professeurs de danse pour cette belle préparation,
Celle de mon retour en scène, de me sentir « danseur » après tout cela, Celle de mon destin, qui apporte les réponses justes en toute circonstance.
C’était hier, sur la scène du Palais Garnier, dans la deuxième variation de l’Homme en Brun de Jérôme Robbins, musique de Frédéric Chopin.
Merci.
Негізгі бет Dances at a Gathering - 2nd variation Brown Boy
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