"EL AJOUAD" - "Les Généreux" ! Le titre réveille de lointaines résonances de poésie épique et annonce la geste de modestes héros de l'ombre, ignorants de leur grandeur.
- Un syndicaliste, Errabouhi Habib, attendri par l'état d'abandon des animaux du zoo du jardin public de sa ville, instaure une "structure parallèle" pour les soigner et les nourrir. En suppléant à la carence des responsables officiels, il sème - à son insu - chez eux l'émoi et la suspicion et suscite de leur part un branle-bas de combat dans lequel ils investissent toute une énergie dévoyée. Ils produisent tout un discours qui met à nu leurs petits intérêts et les expose aux traits d'ironie bonhommes du nourricier improvisé.
- Le concierge d'un lycée (Menouar) prend soin du squelette de feu son ami le cuisinier (Akli) qui, avant sa mort, en avait fait don aux lycéens comme gage de sa participation posthume à la construction d'une société nouvelle, lui qui, auparavant, avait participé à la lutte armée. Une double leçon se déroule dans la classe de sciences. Un double discours, en chassé-croisé, est tenu aux élèves : celui du savoir scientifique précis et impersonnel que l'enseignante développe sur la constitution anatomique du squelette humain ; celui, émotionnel et éthique que dit l'ami du défunt pour ranimer l'image généreuse du disparu et transmettre ses aspirations aux héritiers de ses os.
- Un petit employé d'hôpital (Djelloul Lefhaïmi) se lance, autour des différents pavillons, dans une course frénétique qui intrigue et inquiète ses compagnons de travail. Ses réactions intempestives mues par sa générosité mais jugées contraires au règlement lui ont valu d'être plus d'une fois traduit devant le conseil de discipline et déplacé d'un poste de travail à un autre pour terminer à la morgue qui jouxte la sortie ; dernier poste avant l'expulsion en cas de récidive, lui a-t-on promis lors du dernier esclandre. C'est pourquoi aujourd'hui, l'incorrigible raisonneur court éperdument dans les allées de l'hôpital cherchant à calmer ses nerfs rétifs soumis à une nouvelle épreuve - de taille ! Un des "cadavres" de la morgue - attendant que se libère un casier de la chambre froide pour y être installé - s'est avisé de quitter son brancard sous le regard sidéré de Lefhaïmi occupé à de menus travaux et de l'interpeller comme s'il était Azraïl en personne, l'ange de la mort. En fait, il s'avère qu'une erreur d'affectation a conduit un malade évanoui à la morgue à la place d'un autre décédé laissé sur place.
Entre ces trois scènes s'intercalent des intermèdes poétiques chantés qui introduisent des modulations du texte sur la même thématique.
Негізгі бет EL AJOUAD (Les Généreux) الأجواد
Пікірлер: 57