Chers,
Nous avons le plaisir de vous servir une nouvelle composition du Pr Gervais Mendo Ze. Cependant, dans le fond, la composition n'est pas si nouvelle. Elle fut composée en 2014, peu avant la Pâques. C'est-à-dire, aussi, peu avant l'arrestation du Pr Gervais Mendo Ze. Ce n'est qu'en 2021 que l'oeuvre fut enregistrée. Selon les dires du Pr lui-même, c'est cette oeuvre qu'il allait présenter au Seigneur une fois qu'il aura rendu l'âme. Le contexte est donc bien choisi pour publier ce chant en ce jour de Pâques. Ce chant vient compléter deux autres chants de résurrection composés par Gervais Mendo Ze - "Le Christ est ressuscité", mais aussi "Me make mavak".
S'agissant du chant lui-même, le "Et resurrexit" est précisément une partie du Credo. Mais ici, nulle question d'exploiter les paroles du Credo : exceptés ces deux mots, le chant se tourne rapidement dans la langue Ewondo : avec une première partie dans l'équanimité, dans un esprit tout stoïque ; cette partie est clairement classique. Une deuxième partie est lancée par deux voix de femmes (soprano et alto) ; cette deuxième partie explore les sonorités africaines, et spécifiquement camerounaises. Il y a donc tout au long de la pièce un développement assez évident : on va du classique vers le traditionnel négro-africain. la deuxième partie exploite d'avantage ce développement : l'entrée successive des instruments : congas, basses,... etc. On peut dire, une fois de plus, que : dans ce chant, le Pr Gervais Mendo Ze est resté fidèle à lui-même, à son propre esprit ; celui qui consistait à concilier la musique classique et le traditionnel-africain, le moderne et le traditionnel, la ville et le village ; d'une part l'ataraxie et la contemplation, et d'autre part le mouvement de la danse (partie typiquement africaine) : une manière africaine d'exprimer la joie de la Résurrection. Derrière ce schéma a priori dualiste, il y a un désir évident de montrer qu'il n'y a pas d'opposition entre ces deux "univers", c'est-à-dire la musique classique et la musique traditionnelle africaine avec ses rythmes et ses pas de danse ; la contemplation ne s'oppose pas à l'expression de l'allégresse par la danse. En sus de ces éléments, retenons aussi que, en contexte africain, il n'est nullement question de formalisme esthétique : c'est-à-dire l'idée de l'art pour l'art est méprisée en Afrique, même si comme nous le savons elle a eu des heures de gloire dans le monde occidental, notamment avec des auteurs tels que : E. Hanslick. Ce dernier défend la musique comme un art autonome, voulant supprimer toutes les significations qu'on peut joindre à la musique (les émotions, les sentiments, etc...). De sont côté, l'Art négro-africain est foncièrement fonctionnel, c'est-à-dire il a une fonction. Dans ce chant, il y a une double fonction comme nous l'avons relevé plus haut. La finalité? Elle est la suivante : les deux "Univers" qui se côtoient dans ce chant ne s'opposent guère ; il y a une sorte de "vivre ensemble" entre eux, et ce, sans risques de dissonances. C'est ce qui explique alors la cohabitation des sonorités classiques et traditionnelles dans un même chant, l'un cédant la place à l'autre pour former, dans une synthèse, un tout inséparable. Il y a non seulement un enjeu d'inculturation - c'est-à-dire celui de l'incarnation de l'Evangile dans un contexte donné (l'Afrique, dans ce cas précis) - mais également un enjeu d'Identité. C'est cette réconciliation que le Pr Gervais Mendo Ze a recherché tout au long de son oeuvre musicale, et même littéraire...
La Saker D'Ahala@
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Musique, paroles, arrangements : Pr Gervais Mendo Ze (2014)
Solistes : Okala Arlette ; Danielle Beyene ; Awono Florent ; Elleme Tanguy ; Mbarga Joël ;
Synthé : Mezanga Achille
Exécution : La Voix du Cénacle du Pr Gervais Mendo Ze
Année d'enregistrement : 2021.
Негізгі бет Et Resurrexit - Nkode a-kwí ya a són (La Voix du Cénacle du Pr Gervais Mendo Ze)
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