L’histoire de chaque jeune migrant est personnelle, mais pour la grande majorité d’entre eux, on observe souvent la même situation très difficile et incertaine dans le pays d’accueil. On la ressent bien quand on veut les considérer avec attention ; s’ils.elles le disent aussi avec pudeur et réserve, on sait bien qu’il y a beaucoup de détresse dans ce qu’ils.elles expriment.
Que faire ? Il y a l’humanitaire, indéniablement nécessaire, et il y a le débat politique. Dans ce dernier, les paroles sont bruyantes, mais bien souvent extérieures, abstraites, paternalistes, voire vides, dénuées de la réalité et de la responsabilité. « Migrants », « réfugiés », « vague migratoire », « crise migratoire »… Ces mots fonctionnent comme un enfermement identitaire, une réduction de l’existence. Vies invisibles, mais corps visibles et déviants. Indésirables et non désirés.
En allant à la rencontre de ceux qu’on appelle « jeunes migrants », nous avons souhaité déplacer le regard, changer de protagoniste. Pour mettre une âme derrière des mots, en musique, et laisser la parole à ceux dont on parle mais que l’on n’entend pas.
Pour raconter l’histoire de l’intérieur, poétique, telle qu’elle est, sans jugement, et accepter parfois de ne pas comprendre.
Mais aussi pour individualiser, par les mots, les images, les silences, ou la simplicité radicale du quotidien, et raconter la pluralité, la complexité de chaque être, de chaque histoire. Ce qui fait que chacun-e est ce qu’il est.
Si nous sommes tou-te-s humains, alors nous sommes tou-te-s migrants, dépendants les un-e-s des autres, relié-e-s par une infinité de frontière
C’est une initiative personnelle de l’artiste Francis Esteves aka Cisco qui a proposé d'accueillir ces jeunes dans un écrin pour les entendre s’exprimer et se raconter, hors interrogatoires.
Ainsi, lors d’un atelier musical au collège Paul Ramadier de Decazeville en Aveyron avec les classe allophone FLE de Soulié Julie, les jeunes composent, écrivent des poèmes, récitent, « slament » et chantent des pièces musicales dont le texte a été écrit par plusieurs enfants migrants.
Le projet « Frontière Libre d'Expression » est né d’une préoccupation : celle de l’accueil et de la compréhension de l’autre, de la solidarité et des droits fondamentaux de chacun-e, dans une Europe forteresse aux tendances extrémistes, devenue sécuritaire au point d’être meurtrière.
« Frontière Libre d'Expression » est née de la rencontre entre deux personnes : l’une, professeur singulier engagée pour les droits à l'éducation pour tous , l’autre, artiste musicien engagé dans les luttes sociales, interculturelles.
Crise « de la migration » et « des migrants », ou bien crise de l’Europe et de la déresponsabilisation européenne. Crise de la non solidarité entre Etats, de l’aliénation des idéaux à l’origine de nous-mêmes, de l’égoïsme d’un système néolibéral exclusivement financier, de la reddition face à la peur, de l’incapacité de tirer leçon de l’histoire pour construire différemment le présent.
Cette action est une goutte d’eau dans la réalité tragique du tombeau que devient la Méditerranée mais elle laisse trace des marqueurs d'identités plurielles et dynamiques. Comme des passerelles.
Frontière Libre d'Expression" création de la classe Français Langue étrangère collège P.Ramadier
Негізгі бет Музыка Frontière libre d'Expression classe FLE Collège Paul Ramadier Decazeville
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