Alain Cuny avait une façon unique de réciter les grands textes. Illustration ici avec le poème Fantaisie de Gérard de Nerval.
Extrait du recueil des Odelettes, publié en 1835, Fantaisie traduit un sentiment nostalgique qui appartient au goût romantique tout en le dépassant.
Gérard de Nerval y confie sa certitude davoir vécu en dautres temps, et les réminiscences de cette vie antérieure le conduisent à peindre une hallucination sensorielle dont on ne saurait dire sil faut la comprendre littéralement ou comme simple métaphore dune passion romantique pour des temps plus chevaleresques.
Fantaisie
Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.
Or, chaque fois que je viens à lentendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
Cest sous Louis treize ; et je crois voir sétendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,
Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;
Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
Jai déjà vue... - et dont je me souviens !
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