Cours n°4 destiné au élèves de la classe d'orgue de Saint-Maur pendant le confinement.
Gaston Litaize, qui fut mon professeur de 1988 à 1990, m'a profondément marqué par sa personnalité à la fois chaleureuse et engagée. Doué d'une vitalité hors du commun, il a su mener plusieurs carrières à la fois, virtuose, compositeur, pédagogue, producteur à la radio ; le temps semblait se démultiplier avec lui, sans que cela lui demande le moindre effort excessif.
Une de ses principales qualités est d'avoir toujours su rester à l'écoute des jeunes, ne jamais rester figé dans ses certitudes. En apparence, ses positions semblaient définitives, parfois péremptoires. En réalité, il s'est remis en question à plusieurs reprises ; par exemple au début des années 60, sous l'influence du jeune Michel Chapuis, il a adopté sans aucun problème l'usage des notes inégales dans la musique française, les justifiant même à sa manière ! Une de ses plus anciennes élèves, Marie-Claire Alain, a d'ailleurs agi de la même manière, repensant même entièrement, alors qu'elle était déjà mondialement célèbre, ses doigtés dans la musique de Bach.
Il était friand de nouveaux répertoires. En février 1991 je donnais pour la première fois à la radio les Trois esquisses de Thierry Escaich qui avait à l'époque seulement 25 ans, Gaston Litaize m'a demandé de venir chez lui, rue Mayet, lui jouer, car il voulait connaître cette musique. Et il me l'a commentée comme s'il l'avait déjà travaillée lui-même. Je n'oublierai jamais la curiosité et l'ouverture de ce grand homme de 81 ans, Prix de Rome, comblé d'honneurs, devant l'oeuvre toute nouvelle d'un jeune compositeur encore très peu connu.
Il y a quelques jours (le 16 avril 2020) disparaissait un autre grand musicien, le claveciniste Keneth Gilbert. C'était un des innombrables élèves du maître.
Nous devons à Gaston Litaize une formidable leçon de vie !
Eric Lebrun
Негізгі бет Музыка Gaston Litaize, une évocation.
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