L’enjeu cognitif post AVC : focus sur les troubles du langage et les troubles dysexécutifs. Sophie Jacquin-Courtois, Département de Neuroréhabilitation, Hospices civils de Lyon, CNRS 5292, Lyon.
L’atteinte cognitive après AVC est fréquente à la phase aiguë et persiste à distance pour une proportion significative de patients. Elle est cependant souvent négligée comparativement aux autres éventuels déficits présents alors même que l’enjeu est majeur avec un impact crucial en termes de qualité de vie, de réadaptation-réinsertion et socio-économique.
Les troubles cognitifs vasculaires ont deux expressions cliniques:
- les troubles du langage: l’aphasie traduit une atteinte des aires cérébrales de l’hémisphère gauche (vaste réseau fronto-temporo-pariétal) chez les droitiers, affectant à divers degrés l’expression, la compréhension orale comme écrite. Certaines lésions de l’hémisphère droit peuvent également produire des troubles de la pragmatique du langage, expliquant des difficultés de communication. Les facteurs de récupération du langage sont mal déterminés, les données d’imagerie suggèrent un rôle complémentaire des deux hémisphères cérébraux impliquant la zone péri-lésionnelle, les zones épargnées du côté gauche, les régions homologues contra-lésionnelles droites.
- le syndrome dysexécutif: les fonctions exécutives sont des fonctions de contrôle permettant de gérer des situations nouvelles, conflictuelles ou complexes incluant stratégie, planification, maintien de l’attention, flexibilité mentale, inhibition. Elles sont sous-tendues par un vaste réseau fronton-sous-cortical. Leurs altérations constituent le plus souvent un handicap invisible, leur tableau clinique est souvent hétérogène (fatigabilité, lenteur, troubles de l’humeur se manifestant sous forme comportementale ou cognitive) ; leur prévalence est élevée (plus de la moitié des patients à un délai moyen de 92 jours).
L’évaluation comme les interventions doivent se positionner sur les trois niveaux d’expression de la maladie (déficit, limitation d’activité et restriction de participation) et faire intervenir des professionnels spécialisés. Les propositions de rééducation et réadaptation se doivent d’être pluridisciplinaires adaptées selon le délai post-lésion et les attentes du patient. Le développement de l’offre ambulatoire paraît particulièrement pertinent dans ce contexte permettant d’optimiser le transfert des nouveaux acquis aux situations de vie quotidienne dans un objectif d’autonomisation.
Les avancées sur la compréhension des mécanismes de récupération et de plasticité cérébrale poussent à poursuivre le développement de programmes d’intervention dédiés sur la base de données scientifiques avec une association synergique de différentes approches : entraînement, compensation, métacognition, sollicitation de la participation sociale.
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