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Songe de quel néant furent pour nous remplis
Tant de siècles anciens avant nous accomplis ;
Regarde en ce miroir que t’offre la Nature,
Par delà le tombeau, l’antiquité future !
Qu’y vois-tu ? Rien d’horrible ; une sécurité
Dont nul sommeil ne vaut le calme illimité. (…)
Ainsi chacun se fuit partout, et nulle part
Ne se peut éviter, prisonnier de soi-même,
Malade à qui son mal reste un obscur problème.
Ce mal, c’est la terreur de ce qui suit la mort.
Ah ! laissez les plaisirs stériles ! Et d’abord
Fouillez, interrogez la Nature des Choses
Qui seule de ce mal peut écarter les causes.
Car il s’agit, non pas de ce jour tourmenté,
Mais du repos sans fin et de l’éternité. (…)
Nous tournons sans issue, enfermés que nous sommes,
Et le cercle est étroit. Depuis qu’il est des hommes,
Aucun plaisir nouveau n’a paru sous les cieux.
Mais le bien qui nous manque est sans prix à nos yeux ;
L’atteignons-nous ? Soudain quelque autre nous appelle
Et nous laisse béants d’une soif éternelle,
Inquiets, épiant au fond du temps obscur
Les présages douteux de notre sort futur.
Vaine et stérile fièvre ! Est-ce que par la vie
Une ombre de durée à la mort est ravie ?
Serons-nous moins longtemps rien ? Que peut notre effort,
Jeté dans la balance où l’éternité dort ?
Vivrions-nous cent ans, mille ans, vingt siècles même,
Ferions-nous une rive à l’abîme suprême ?
Pour le mort séculaire et pour le mort d’un jour,
Égal est le néant, sans borne et sans retour !
Lucrèce, De la nature des choses, Livre III : L'âme et la mort
Musique : Castlevania, "Stairway to the Clouds" : • Castlevania - Stairway...
Негізгі бет Lucrèce, De la nature des choses, extraits (mis en musique) : "La mort n'est rien"
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