Powerboost, l’émission phare de la chaîne TV Agri, continue sa tournée des projets agrivoltaïques les plus originaux de France. Comment concilier diversification agricole et production d’électricité décarbonée à proximité d’un village considéré comme l'un des plus beaux de France ? Réponses depuis Noyers-sur-Serein, où Jean-Paul Hébrard a rencontré 3 des 12 agriculteurs du collectif à l’origine du projet « Les champs solaires nucériens ».
« Ici nous sommes sur des sols argilo calcaire très superficiels à très faible réserve utile. Quand on obtient 50 quintaux par hectare de blé, pour nous c’est un rendement historique ! » prévient Alexandre Bardet, le président de l’association créée en 2021 et qui a donné son nom au projet agrivoltaïque : « Les champs solaires nucériens ».
Il poursuit : « Depuis la génération de mon grand-père, les agriculteurs travaillent régulièrement sous les seuils de rentabilité. Ils ont toujours cherché des idées pour s’adapter.
En 2020, nous avons été 12 à nous réunir entre agriculteurs jeunes et moins jeunes et à se dire que l’agrivoltaïsme serait une solution cohérente pour certaines de nos parcelles. On s’est dit aussi qu’il fallait faire les choses bien ».
L’étude d’impact conduite par un cabinet indépendant sur les périmètre de Noyers et des communes voisines de Censy et d’Annay-sur-Serein, a conduit dans un premier temps les porteurs du projet à réduire la zone d’études de 320 à 215 ha.
Sur cette surface, les exploitants ont ensuite réfléchi en termes de diversification, d’innovation et d’installation en privilégiant à chaque instant la concertation.
Une attention particulière a été développée par les porteurs du projet pour dialoguer avec les habitants, recueillir leurs questions, avis et commentaires. Pendant plus de 3 mois, les agriculteurs ont déployé des modalités physiques et numériques d’information et de participation adaptées à l’évolution du contexte sanitaire : présentation en mairie, porte-à-porte, balade itinérante, réunions sur site, visioconférence…. Objectif : partager collectivement les enjeux de paysage, d’attractivité, et imaginer comment le projet agrivoltaïque pourrait apporter une plus-value intéressante en se positionnant comme un lien entre héritage et enjeux du 21è siècle. Résultat : 25 ha ont encore été retirés de la zone d’étude suite aux remarques des riverains. Dans les autres avis pris en compte, plus de 7 km de haies ont été définis collectivement pour protéger les paysages et réinstaller de la biodiversité. Les apports et les enseignements de la concertation ont été partagés au public lors d’une réunion organisée au mois d’avril 2022.
« Le défi pour nous est de contribuer à valoriser le cadre de vie auquel tout le territoire est attaché. C’est une évidence pour nous qui habitons cette terre depuis plusieurs générations. Chacun des 12 îlots agrivoltaïques d’une surface moyenne de 14 ha fait ainsi l’objet d’une proposition d’insertion sur mesure et de création d’une haie adaptée à la situation. Leur plantation aura un impact bénéfique sur la petite faune, la flore, la biodiversité en général » souligne Alexandre.
Egalement impliqué dans le projet, Mathieu Franey ajoute : « La réintroduction de la polyculture élevage est une démarche qui fait sens. Le colza ne poussant plus, il a été remplacé par la luzerne. Pour valoriser cette nouvelle tête de rotation, l’ovin est idéal. De plus, il permet de réduire les charges de mécanisation en pâturant la luzerne et les couverts végétaux, notamment, tout en amandant les sols par les déjections ce qui réduit les coûts d’engrais azoté. »
Dans le collectif des Champs nucériens, Arnaud Rougier, jeune agriculteur, complète : « Ce projet, c’est l’opportunité pour moi de m’installer avec mon frère sur l’exploitation familiale céréalière de mon père qui partira bientôt en retraite.
Ce que j’aime aussi c’est l’innovation dans le projet, le développement d’herbes de provence en Bourgogne ou d’une activité truffière entre les panneaux qui sont utilisés comme des abris climatiques. L’agrivoltaïsme offre cette opportunité de s’engager sur des filières nouvelles, qui pourraient répondre aux besoins de partenaires locaux ou aux nouvelles attentes des consommateurs.
Ce projet des champs solaires nucériens, c’est la suite logique de notre envie d’agir pour l’agriculture, le climat, la biodiversité. Et quand on dit vouloir faire les choses bien, c’est s’assurer aussi de toutes les conditions de mise en œuvre : limiter le taux de couverture des panneaux, construire chaque îlot sans artificialiser les parcelles, obtenir les garanties de la part du développeur qu’il a tout prévu jusqu’au démantèlement...
Savoir que notre projet produira l’équivalent de 3 fois la consommation d’électricité des habitants et des entreprises de la communauté de communes du Serein, ce n’est pas rien aussi comme contribution à la transition ! »
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Негізгі бет À Noyers-sur-Serein, un projet agrivoltaïque conçu sur mesure
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