Pamirstan est un voyage sans moyen motorisé effectué en 2017 par deux amis, Mathieu et Florent, depuis Téhéran en Iran jusqu'au massif du Haut Pamir au Tadjikistan et au Kirghizistan.
Au Tadjikistan, nous écrivons :
"Deux cyclistes debouts face au poste frontière Tadjik, un papier à la main. C’est un e-visa, pdf-ié en ligne, et nous allons tenter de rentrer dans le pays le plus pauvre des -stans avec ce trophée de modernité. Où sont les bornes électroniques ? Derrière la vitre, sous la forme d’un homme enrobé, nappé d’un uniforme militaire. Miracle du voyageur, nous sommes propulsés en territoire Tadjik en dix minutes. Cette feuille A4 froissée, véritable incohérence administrative dans un pays d’Asie centrale, nous fera office de visa. Le président nous salue par une grande affiche en bord de route; nous le lui rendons poliment. Les neufs affiches suivantes rendent ce salut un peu trop appuyé. Les quatre-vingt dix suivantes propulsent le culte de la personnalité de ce président-à-vie en tête de podium. Même le Turkménistan n’avait pas osé mitrailler autant le visage de son leader. Ce sont donc cent affiches et quatre-vingt dix kilomètres qui nous conduisent à Douchanbé, capitale, fascinés par notre nouveau meilleur ami bienveillant. Quatre jours de repos réconfortants à évoluer dans des plaisirs raréfiés ces derniers temps. Cette auberge est un îlot accueillant dont les tentacules retiendraient les plus sauvages des aventuriers. Nous y rencontrons des « comme nous » à l’assaut de ce pays méconnu au nom Scrabblé compte triple. Dans ces contrées bizarres, chaque rencontre est un livre que l’on ouvre avec son histoire inédite. Qui plus est lorsque l’on peut discuter avec plus que nos 50 mots de russes disponibles. Rencontre fortuite, discussions en l’air, connaissance de connaissance voyageuse, nous élaborons notre plan équestre pour la suite grâce à un coup du sort. Réalisation concrète des rêveries farfelues; la douce chance du rêveur. Mais les chevaux ne galopent qu’au Khirgistan et nous respecterons cette loi territoriale sacrée. Quelqu’un a dit à quelqu’un que la route était bloquée. Un autre a entendu que le village était ouvert. Un troisième prétent que les vivres sont rares. Un ami d’un ami plaide pour le contraire. Ici l’information circule à l’ancienne, avec son lot de déformations. Les sources parfaitement fiables étant aussi nombreuses que les nightclubs en Iran. Nous visons Rushan, ville Pamiri, d’où nous devons démarrer notre traversée du toit du monde à pied. Mais là, téméraires, les yeux brillants à l’évocation des hauteurs inaccessibles à nos chers Pyrénées, nous partons à vélo pour la route du haut col visant la barre des 4000m. Nous abattons cent cinquante kilomètres en trois jours pour qu’un bref coup de sifflet policier nous stoppe brutalement. La route est bloquée, la neige là haut est à « hauteur de hanches », c’est un niet à la russe donc sans appel. Dubitatifs en regardant les sommets alentours, nous ne saurons jamais la vérité car absolument personne n’est allé voir là haut mais face à des agents d’Asie centrale, point de discussions censées. Relativité de la vérité… Le plan B est improvisé et les bicyclettes sont jetées dans un camion de pommes de terre; leurs propriétaires en cabine avant. Nous détruisons trois jours de pédalage en cinq heures de conduite, zigzaguant dans une vieille carcasse de tôle avec arrêts fréquents pour refaire les niveaux. Émotion partagée entre déception et excitation d’une telle épopée. Une nuit accueillis à l’abri d’une salle de restaurant et nous partons pour la route du sud, comme si les jours précédents n’avaient pas existés. La route n’a que faire des premières montagnes et les traverse pour rejoindre le piémont des vrais sommets. Nous battons des records, carburant à l’expérience récente. Les 1400m de dénivelé du gros col nous ouvrent les portes de la vallée tant sublime qu’encaissée, au prix d’une énergie généreusement dépensée. Mais nos montures en surpoids conséquent refusent de participer à l’effort et émettent de plus en plus de gémissements…Nous suivons la rivière, frontière Afghano-Tadjik, serpentant entre deux parois imposantes se faisant face. Comme si les rochers aussi jouaient de leur fierté nationale. Un duel granitique mêlant force, respect et offrant au nomade un itinéraire d’exception. Tout au long du chemin, l’Afghanistan sera là, à une cinquantaine de mètres. Si proche physiquement et pourtant si loin, où nous apercevons une esquisse de vie paysanne active qui restera un mystère inaccessible, peut-être pour toujours. Nous atteignons enfin l’intersection de la route du haut col, fermant ainsi la page de ce faux départ Pamiri. Nous célébrons l’événement par un énième enregistrement de police. Celui-ci fait même durer la festivité ....
Pour lire la suite rendez vous sur : pamirstan.word...
Florent Chardonnal & Mathieu Renard
Негізгі бет PAMIRSTAN : Épisode 3/7 : Tadjikistan à vélo : Pamir Highway et Cols Infranchissables
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