Rio de Janeiro : réparation historique au son de la périphérie ?
La musique peut-elle contribuer à une réparation historique dans les pays victimes de la colonisation ? C'est ce que nous sommes allés demander aux jeunes talents afro-descendants à Rio de Janeiro. Focus sur l'un des berceaux de la culture populaire brésilienne actuelle.
Au Brésil, plus de 4 millions d’Africains ont été réduits en esclavage dès l'arrivée des colons européens en 1530. La musique devient dès lors un outil d'émancipation des populations noires du pays. Aujourd'hui, plus de la moitié de la population du pays est noire ou métisse. Mais le racisme et l'influence coloniale y sont toujours enracinés. Les Noirs représentent plus de trois quarts des victimes fatales de la police brésilienne, la plus meurtrière au monde. Face à cette réalité violente, une nouvelle génération issue des périphéries et des favelas écrit sa propre histoire à travers sa musique. Et connaît parfois un succès mondial.
La musique fut l'un des premier outil d'émancipation des Noirs réduits en esclavage au Brésil, à travers la capoeira. Aujourd'hui, les musiques et les danses actuelles jouent encore un rôle dans la société brésilienne. Notamment le funk carioca, dont la danse est désormais enseignée dans les quartiers centraux de Rio de Janeiro, dépassant ainsi son statut de danse "périphérique". Dans le centre de Rio de Janeiro, Taisa Machado est à l'initiative d'un cours d'Afro-funk depuis 2014. Elle met en avant l'héritage africain présent dans les bals funk populaires de Rio. Son objectif : une décolonisation des corps non-blancs. Longtemps dénigré par les milieux aisés, le funk carioca est devenu un symbole dont les femmes noires de la ville sont désormais fières. Il est allègrement utiliser par Anitta, première artiste brésilienne à atteindre le numéro 1 du hit parade sur Spotify en avril dernier. Issue des quartiers pauvres et noirs, l’artiste mainstream fait de la revendication de ses origines le point central de son image à l’international...
Dans les grandes villes du pays, la jeunesse noir et LGBTQUI+ organise des soirées appelées Batekoo, "remue ton cul" en français. Derrière ces soirées, des étudiants chercheurs organisés en groupes de recherche, comme le collectif Negô. Le groupe cherche à mettre en lumière la dimension ethnico-raciale des musiques actuelles en les faisant étudier en milieu universitaire.
Récemment, un artiste a retenu l'attention du collectif... Luan Correia, alias Mbé, a grandi au coeur de l'une des plus grandes favelas d'Amérique Latine... Rocinha. A 26 ans, il fabrique un son électronique à base de collages sonores, extraits de tambours de religion afro-brésilienne, chants d'indigènes du Brésil et de Pygmées d'Afrique centrale, ainsi que des discours de penseuses féministes noires ou de philosophe. Bien différent du rap ou slam associés aux artistes issues des favelas.
De la démocratisation du célèbre funk carioca, au succès international d'Anitta, en passant par l'arrivée des musiques noires dans les universités, des changements sont en cours. La reconnaissance des musiques noires et périphériques pousse à une nouvelle perception de société. A travers la musique, une lutte commune : le combat pour un Brésil décolonisé.
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