En avant-première des Journées des Plantes de Chantilly qui chaque année, au printemps et en automne, réunissent plus d’une centaine de professionnels de l’horticulture et de la pépinière, le rédacteur en chef de NewsJardinTV, Patrick Mioulane, est accueilli par Thierry Basset, qui est le chef jardinier du domaine depuis 17 ans. Il nous guide pour la visite, tout en dévoilant une histoire passionnante…
Lorsque le visiteur arrive à Chantilly il est sur le chemin de l’histoire… Après avoir traversé la forêt de 6 300 hectares, il arrive à un carrefour au milieu duquel se trouve une table en pierre, dessinée par André Le Nôtre en 1669 pour le Grand Condé (1621 - 1686), propriétaire des lieux et que recevait là ses convives. Les calèches s’arrêtaient là et on commençait par prendre une coupe de champagne avant d’être accueilli au château.
On accède toujours par le carrefour des Lions qui se trouve dans l’axe nord/sud cher à André le Nôtre. Le grand maître a tracé une ligne droite fictive entre Paris et Bruxelles pour dessiner ses jardins. On s’aperçoit alors que le château de Chantilly se trouve en position décalée ce qui est inédit dans un jardin à la française. Et pour Thierry Basset, le château peut être considéré comme « constituant un élément de décor des jardins »…
Mais le Domaine de Chantilly recèle deux autres jardins d’un style tout à fait différent : le jardin anglais qui a été réalisé au dix-neuvième siècle sur un ancien jardin à la française et s’est trouvé réduit en surface lors de la Révolution, et un jardin anglo-chinois, traditionnel des grandes expéditions autour du monde du dix-huitième siècle
Lorsqu’André Le Nôtre (1613 - 1700) est arrivé à Chantilly à la demande du Grand Condé, il avait face à lui un marais très hostile avec en plein milieu la rivière Nonette, affluent de l’Oise. Le grand architecte paysagiste décide de dompter cette rivière et de créer le grand canal qui s’étend sur 1,9 km, soit 500 m de plus que celui de Versailles ! Il ajoute un canal rentrant pour bien délimiter son axe nord/sud et que l’on appelle la manche.
Le marais est asséché avec la terre de remblais extraite lors du creusement des canaux et il y conçoit les pelouses toujours présentes aujourd’hui, la tourbe du marais ayant été compressée par la construction de murs en pierre posés sur des arbres qui ont été équarris. On obtient un ensemble flottant qui monte et descend selon le niveau des nappes phréatiques.
Quant aux jets d’eau, ils sont alimentés par la Nonette et fonctionnent en circuit fermé ce qui démontre déjà à l’époque d’un esprit de gestion durable de la ressource.
Après un cheminement de 300 m à travers un paysage forestier, on arrive au hameau qui est un lieu bucolique en total contraste avec l’aspect emphatique du château et du jardin à la française. Le hameau a été créé par l’architecte Jean-François Leroy (1729 - 1794), disciple d’André Le Nôtre et ceci quelques années avant le Hameau de la Reine du Petit Trianon de Versailles dont il s’est inspiré.
Il y a des maisonnettes et des chaumières à colombage de style anglo-normand, mais aussi des moutons, des oiseaux, un moulin, un potager, un verger. C’était à l’époque un endroit totalement fermé et entouré de buis. Ces derniers ont été détruits par la maladie Volutella buxi et sont en passe d’être remplacés par des arbustes plus solides.
Des canaux serpentent dans le hameau qui constitue une île et le long de ces canaux ont été disposés des rochers qui évoquent les jardins chinois que les aristocrates de l’époque découvraient au travers de leurs voyages. Ce sont des pierres aux angles acérés, qui sont percées de cavités dans lesquelles s’insinue de la mousse.
Et c’est au restaurant du Hameau que l’on peut de nos jours déguster la meilleure crème Chantilly !
La visite continue avec le jardin anglais qui est une allégorie de l’époque antique, avec une touche d’élégance de la Renaissance. Patrick et Thierry se trouvent sur le Pont des Grands Hommes, face à l’Île d’Amour où se côtoient des statues d’Eros et d’Aphrodite ainsi qu’une Vénus callipyge.
Aujourd’hui, les chemins sont sinueux, les canaux très nombreux, mais au dix-septième siècle, il y avait là des parterres à la française entourés de treillages comme à Versailles et de haies taillées au cordeau. L’endroit au romantisme très structuré est désormais dédié à la promenade et à l’inspiration.
La végétation est fabuleuse avec des arbres plusieurs fois centenaires : platanes, tulipier de Virginie, cyprès chauves avec leurs pneumatophores, etc. Le domaine est entretenu avec tact et modération pour assurer le subtil équilibre entre nature sauvage et lieux humanisés qui, à Chantilly plus qu’ailleurs sans doute s’harmonisent à merveille.
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Негізгі бет Тәжірибелік нұсқаулар және стиль VISITE JARDINIÈRE DU DOMAINE DE CHANTILLY COMME VOUS NE L’AVEZ JAMAIS VU. (Saga Chantilly N°14)
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