Résumé : "La maîtrise de l’affinage de l’argent dès le IVe millénaire a été caractérisée sur la base de l’analyse d’objets (Hess et al. 1998). Archéologiquement, les sites permettant de discuter de cette pratique technique consistant à séparer le métal blanc des métaux vils qui peuvent l’accompagner sont particulièrement rares toutes périodes confondues. Le plus ancien est sûrement l’atelier de Sardes sur le Pactole, actif au VIe s. av. J.-C. et bien connu pour sa production d’or (Ramage, Craddock, 2000). Il offre une vision très particulière de cet affinage, tant et si bien qu’on a pu y voir une spécificité technique sans descendance. Les travaux récents sur l’atelier métallurgique de Castel-Minier (XIII-XVIe s.) ont infirmé cette hypothèse.
Afin de proposer une réflexion sur le geste technique autant que sur le procédé lui-même, des essais expérimentaux de coupellation ont été réalisés sur la plateforme expérimentale de Melle (iramat.cnrs.fr... ). Ce travail expérimental s’appuie à la fois sur des vestiges trouvés en fouilles, sur des données iconographiques et sur les traités techniques de la Renaissance. Il est effectivement apparu qu’un continuum technique pouvait exister non seulement entre les vestiges mis au jour à Sardes et le mode de coupellation en usage à Castel-Minier, mais également avec d’autres espaces chronoculturels. Ce continuum repose sur le travail à terre, l’usage de la cendre de bois en guise de sole et la mise en oeuvre d’un foyer ouvert avec une ventilation forcée. La structure de chauffe retrouvée à Castel-Minier est en rupture avec la tradition technique européenne qui, depuis au moins le XVIe siècle, suppose de travailler debout face à un four afin d’y concentrer la chaleur. Ce décalage entre les textes techniques et les observations archéologiques interroge. Elle légitime le passage par l’expérimentation bien que les structures soient rares et que la nécessité d’une couverture sur le foyer lors de l’opération fasse débat.
Une dizaine d’essais ont été réalisés dont 7 ont abouti à une séparation satisfaisante de l’argent par oxydation du plomb. Ces essais éclairent les gestes et les savoir-faire face à un travail à même le sol. Ils caractérisent le matériel céramique nécessaire, mais non limitant qu’il faut associer à cette pratique. Parallèlement l’approche archéométrique qui complète le travail d’archéologie expérimentale ouvre des perspectives sur la caractérisation de mobilier détourné de leur usage commun pour intégrer le champ de la métallurgie."
Abstract: "The mastery of silver refining as early as the 4th millennium has been characterized on the basis of the analysis of objects (Hess et al. 1998). The archaeological sites to discuss this technical practice of separating silver from lead and copper are particularly rare in all periods. The oldest is surely the workshop of Sardis on the Pactolus, active in the 6th century B.C. and well known for its gold production (Ramage & Craddock, 2000). It offers a very particular vision of this refining, so much so that it has been seen as a technical specificity without descent. Recent research on the metallurgical workshop of Castel-Minier (13th-16th century) has invalidated this hypothesis.
In order to propose a reflection on the technical gesture as much as on the process itself, experimentations of coupellation have been carried out on the experimental platform of Melle (iramat.cnrs.fr... ). This experimental work is based on the remains found in excavations, iconographic data and technical treatises from the Renaissance. It has indeed become apparent that a technical continuum could exist not only between the remains uncovered at Sardis and the mode of refining used at Castel-Minier, but also with other chronocultural spaces. This continuum is based on working on the ground, the use of wood ash as a hearth and the use of an open hearth with forced ventilation. The heating structure found at Castel-Minier is at odds with the European technical tradition. Since at least the 16th century, it implies working standing in front of a furnace with an arch in order to concentrate the heat. This discrepancy between technical texts and
archaeological observations raises questions. It legitimizes the use of experimentation, even though the structures are rare and the need for a cover over the hearth during the operation is debated.
About ten tests were carried out, 7 of which resulted in a satisfactory separation of the silver by oxidation of the lead. These tests put light on the gestures and know-how involved in working on the ground. They characterize the necessary, but not limiting, ceramic material that must be associated with this practice. At the same time, the archaeometric approach that completes the work of experimental archaeology opens perspectives on the characterization of..."
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